jeudi 27 novembre 2008

La souche canadienne-française

par Victor Armony
professeur, Université du Québec à Montréal
La concentration des noms de famille au Québec est notoire et constitue une véritable curiosité pour bien des immigrants. Cette concentration est plus accentuée qu'ailleurs et découle d'une longue pratique endogamique. Le Québec offre un visage d'une homogénéité inouïe, explique le sociologue Victor Armony, auteur de l’essai Le Québec expliqué aux immigrants*. Le nouvel arrivant apprend que le maire de la principale ville de la province (Montréal) s'appelle Tremblay et que l'écrivain le plus connu du Québec se nomme également Tremblay. Une coïncidence ? Le phénomène est pourtant récurrent, selon Armony.
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L'onomastique est la science de l'étymologie des noms propres. Elle est directement liée à la généalogie, l'étude de la filiation des personnes, car les noms de famille permettent à un individu d'identifier ses ancêtres, de retracer les origines géographiques de sa communauté et d'obtenir des renseignements sur l'univers culturel dont il provient. Le Québec est un paradis pour les généalogistes. D'une part, les registres de naissance, de mariage et de décès ont été précieusement conservés dans les paroisses locales. Ces archives permettent à beaucoup de Québécois de remonter facilement trois ou quatre siècles en arrière dans leur histoire familiale.

D'autre part, une majorité de Québécois francophones contemporains descendent d'un noyau relativement petit de colons français arrivés en Amérique au XVIIe siècle. La concentration des noms de famille au Québec est notoire et constitue une véritable curiosité pour bien des immigrants. Cette concentration est plus accentuée qu'ailleurs — si l'on compare, par exemple, avec la France ou l'Italie — et découle d'une longue pratique endogamique (soit lorsqu'un groupe humain se reproduit avec peu de contacts avec l'extérieur). Marc Tremblay, chercheur à l'Université du Québec à Chicoutimi, a effectué une analyse génétique d'un échantillon de 155 363 Québécois contemporains qui descendent des « 6800 ancêtres fondateurs » du peuple canadien-français et a observé qu'« autour de la neuvième et de la dixième génération, 98% des ancêtres des personnes étudiées sont apparentés» (1).

Une recherche effectuée par deux démographes de l'Université de Montréal montre que « la très grande majorité des Canadiens de souche française descendent de 1955 colons et de 1425 femmes venus de France» (2). Les expressions «Québécois de souche » et « Québécois pure laine » réfèrent à cette « grande famille» qui inclut aujourd'hui environ huit individus sur dix dans la population de la province. Les 20% restant englobent les peuples autochtones, la communauté d'origine britannique et irlandaise, les minorités «historiques» (noire, juive, italienne, grecque et portugaise) et les immigrants de première et deuxième génération (arrivés ou nés depuis 1970). À cette catégorisation « ethnique » des groupes, considérée peu précise et trop controversée, est souvent substitué un décompte fondé sur la langue maternelle des personnes (…) On parlera alors de trois groupes : les francophones (5,8 millions ou 81,4% du total), les anglophones (590 000 ou 8,3 %) et les allophones (732 000 ou 10,3 %) (3).

Une étude de l'Institut de la statistique du Québec sur les noms de famille au Québec signale que les États-Unis affichent une concentration semblable à celle du Québec.

En revanche, le rapport signale qu'«il faut mentionner aussi que tous les Tremblay d'ici ont le même ancêtre, ce qui n'est pas le cas des Smith étasuniens ou britanniques». Il est courant de trouver des personnes, liées ou non par des liens de parenté, qui partagent le même patronyme. En ce sens, il faut dire que le Québec offre un visage d'une homogénéité inouïe. Le nouvel arrivant apprend que le maire de la principale ville de la province (Montréal) s'appelle Tremblay et que l'écrivain le plus connu du Québec se nomme également Tremblay. Une coïncidence ? Le phénomène est pourtant récurrent. En politique, l'immigrant observe que, à l'Assemblée nationale du Québec, siègent trois Charest, deux Bouchard, deux Legault, deux Morin et deux Thériault.

Aux élections fédérales de juin 2004, il trouve sur les listes sept candidats nommés Côté, six candidats nommés Tremblay, cinq candidats nommés Gagnon et cinq candidats nommés Gauthier. Dans l'une des universités québécoises, il compte cinq employés nommés Claude Tremblay, quatre Pierre Gagnon et trois Denis Côté. À la radio, il découvre qu'une chronique hebdomadaire nommée « Le deux pour un » réunit chaque semaine deux personnalités publiques du Québec qui portent exactement le même prénom et nom de famille. Ainsi ont été invités, entre autres, Andrée Boucher, mairesse de la ville de Québec, et Andrée Boucher, comédienne et animatrice à la télévision ; Guy Bertrand, le célèbre avocat, et Guy Bertrand, conseiller linguistique à la radio et à la télévision françaises de Radio-Canada; Michel Audet, ministre des Finances du Québec, et Michel Audet, délégué du Québec à l'UNESCO ; André Ducharme, l'un des humoristes les plus connus du Québec, et André Ducharme, auteur et chroniqueur au magazine L'actualité.

J'ai conçu un petit test amusant qui permet de donner une idée de l'allure «tricotée serré» que cette société projette: je prends la liste des cent noms de famille les plus courants et je vérifie combien de personnes dans un groupe donné les portent. Cela donne une sorte de « coefficient de souche patronymique». J'ai pris, aux fins de l'exercice, le Conseil des ministres du Québec, le Cabinet de secrétaires du président des États-Unis et le gouvernement de la France (4). Dans ce dernier pays, seulement deux ministres sur trente portent un nom de la liste des cent patronymes les plus fréquents en France (Clément et Bertrand). Aux Etats-Unis, trois personnes sur vingt et une portent des noms que l'on retrouve parmi les cent les plus usuels au pays (Gonzales, Jackson et Johnson ; puisque Gonzales est d'origine hispanique et que Jackson est un nom typique chez les Noirs d'Amérique, ils ne font pas partie de la souche anglo-saxonne). Au Québec, on en compte huit sur vingt-cinq : Audet, Dupuis, Fournier, Gagnon-Tremblay (je le compte une seule fois), Pelletier, Gauthier, Lessard et Thériault. Donc, le «coefficient de souche patronymique», en ce qui concerne le pouvoir exécutif dans ces trois sociétés, est de 6%, 14% (ou 5 % si l’on exclut les deux «ethniques») et 32% respectivement pour la France, les États-Unis et le Québec. Un test plus sophistiqué indiquerait un contraste encore plus marqué, car plusieurs autres noms de ministres québécois se trouvent tout de même sur le palmarès des 500 noms les plus fréquents (Beauchamp, Boulet, Corbeil, Courchesne, Forget, Delisle, Vallières), alors que ce n'est pas le cas pour les noms de la plupart des ministres français et secrétaires américains. Seulement deux noms du cabinet québécois (Bergman et Kelley) ne sont pas français, cela au sein d'un gouvernement fédéraliste et non pas souverainiste !

Le coefficient est encore plus élevé quand on se penche sur d'autres organismes publics, comme les centrales syndicales. Si l'on prend les trois principaux comités de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), c'est-à-dire les comités d'orientation, de surveillance et des juridictions, on obtient un taux de 42% (10 noms sur 24). Mon objectif n'est pas de prouver ici un quelconque tribalisme dans les comportements et dans les institutions, mais d'illustrer à quel point le Québec francophone offre aux étrangers et aux non-francophones une image de monolithisme identitaire. Cela dans une société qui, à la différence d'autres sociétés de souche concentrée comme la Corée ou l'Islande, a reçu des contingents importants d'immigrants depuis des décennies et contient en son sein des minorités quantitativement considérables.

Ce n'est donc pas étonnant que le fait de dire « nous » en politique puisse être un sport extrême au Québec, car on risque toujours d'insulter quelqu'un. Qui est inclus et qui est exclu de la définition implicite ? Le sens de la phrase « nous, les Québécois» (ou «vous, les Québécois») varie, en effet, grandement selon qui l'énonce, le contexte et le destinataire.

Notes

1. www.sciencepresse.qc.ca/archives/quebec/capqueO5o6c.html
2. www.canadianheritage.gc.ca/progs/lo-ol/perspectives/francais/liens/FPo3c.htm
3. Office québécois de la langue française, «Les caractéristiques linguistiques de la population du Québec: profil et tendances 1991-2001», 1005.
4. Pour le Québec et les États-Unis, j'ai recueilli les informations durant l'été 2006. Pour la France, je l'ai fait en mars 2007.

* Victor Armony, Le Québec expliqué aux immigrants, vlb éditeur, 2007, 206 p.

Extrait reproduit avec l'autorisation de l'auteur (pp. 33 à 36 de l'ouvrage).

lundi 24 novembre 2008

Le goût du risque est-il sexué ?

Nicolas Journet

Les Masaïs vivent au Kenya, ce sont des éleveurs traditionnels de bétail, et l’ordre, chez eux, est plutôt patriarcal : les hommes possèdent les troupeaux et les enfants, les épouses – souvent plusieurs – vivent chez le mari, sous son autorité. Les Khasis vivent dans le Nord-Est de l’Inde, et chez eux l’appartenance sociale, la résidence et l’héritage sont transmis par les femmes. Cette différence culturelle a-t-elle un rapport avec les rôles et les comportements typiques de chacun des sexes ? La question pouvait être posée car elle apporte peut-être des arguments au problème de l’égalisation de la condition féminine en Occident. Certaines théories soutiennent en effet que si les femmes occupent en moyenne des postes moins élevés, c’est qu’elles ont moins de goût pour la compétition et la prise de risque. Admettons, mais d’où viendrait cela ? D’une sorte de penchant féminin universel ou de l’environnement ?
Trois chercheurs ont, avec un soin vétilleux d’expérimentalistes, mis au point un petit test qu’ils ont appliqué à des dizaines de Masaïs et de Khasis des deux sexes équitablement choisis. Le principe est simple : préférez-vous jouer seul et gagner peu, ou jouer contre autrui pour trois fois plus mais risquer de perdre à cause de l’adversaire ? Les résultats obtenus montrent un goût du risque qui n’est pas réparti de la même manière chez les Masaïs et les Khasis.
En effet, ont choisi la seconde solution :

Masaïs Khasis
Hommes 50% 39%
Femmes 26% 54%

Commentaire  : les femmes ont moins l’esprit de compétition que les hommes dans une société patriarcale (Masaïs), et les hommes moins que les femmes dans une société à tendance matriarcale (Khasis).
Ce petit jeu plaide donc pour la reconnaissance du poids de l’environnement social dans la conformation des rôles de sexe, sans pour autant exclure que leur transmission soit biologique, ce qui est une autre histoire. La leçon tirée par les chercheurs est la suivante : ce n’est pas en abaissant le niveau de compétition (diplômes, marché du travail) que l’on améliorera les positions féminines en Occident, mais plutôt en uniformisant les contenus de l’éducation et de la socialisation délivrés aux deux sexes. Ça se discute, évidemment.



Uri Gneezy, Kenneth L. Leonard et John A. List, « Gender differences in competition: Evidence from a matrilineal and a patriarchal society », NBER Working Paper, n° 13 727, janvier 2008.

Avoir son conjoint dans les gènes

Jean-François Marmion

Une équipe franco-sino-britannique vient d’annoncer un curieux résultat en génétique du comportement. Une région du génome humain (appelée MHC) aurait une incidence positive sur le choix du conjoint, via certaines molécules odorantes agissant sur l’attirance. On l’a semble-t-il constaté chez la souris. Cette préférence est avantageuse car elle a pour effet la diversification des défenses immunitaires des enfants du couple. Mais, jusque-là, on n’avait pas établi le fait chez l’être humain. L’étude réalisée par l’équipe de Raphaëlle Chaix a porté sur deux types de populations : des couples yorubas du Nigeria et des couples mormons des États-Unis (Utah). Résultat : chez les Nigérians, l’effet MHC n’apparaît pas, mais il est présent chez les mormons. Sur le fond, ce n’est donc pas vraiment décisif. L’interprétation des chercheurs, en revanche, donne à réfléchir : selon eux, c’est la prédominance de « facteurs sociaux » qui, chez les Nigérians, pourrait contrecarrer la préférence génétique. Il faut donc admettre que chez les mormons, on se marie plus souvent par amour qu’au Nigeria. Et si l’on en croit la théorie, puisque cela présente un avantage immunitaire, plus on laisse faire la nature, mieux ça ira pour la santé. Allez donc faire la morale aux gosses après ça !



Raphaëlle Chaix, Cheng Cao et Peter Donnelly, « Is mate choice in humans MHC-dependent ? », PloS Genetics, vol. IV, n° 9, septembre 2008.

vendredi 14 novembre 2008

Le triomphe catastrophique du néolibéralisme

Alain Bihr *

«Qui est le plus grand criminel:
celui qui vole une banque
ou celui qui en fonde une ?»
Meckie Messer
dans L’Opéra de Quatre Sous
de Bertold Brecht

«Entre 1971 et 2008, l’économie mondiale a enregistré pas moins de vingt-quatre crises financières soit, en moyenne, une crise toutes les années et demie. Un record historique.» [1] Pour mémoire, rappelons simplement les principales d’entre elles: en 1982-1983, la crise de la dette des pays latino-américains; en octobre 1987, le krach boursier aux Etats-Unis et en Europe; en 1989, celui des junk bonds (obligations pourries), suivi de la faillite et du sauvetage par l’Etat (donc le contribuable) états-unien des caisses d’épargne (Loan and Savings) à la hauteur de 500 milliards de dollars; l’éclatement de la bulle immobilière japonaise en 1991 et la crise consécutive de tout le système bancaire nippon; la crise financière du printemps et de l’été 1997 en Asie du Sud-Est, avec des contrecoups importants l’année suivante en Russie, en Turquie, au Brésil et au Mexique, se concluant par la faillite et en octobre 1998 de Long Term Capital Management (LTCM), un hedge fund (un fond spéculatif spécialisé dans les opérations spéculatives à forts risques mais aussi à fort rendement, à condition qu’elles réussissent) basé à New York; l’éclatement de la bulle Internet au printemps 2000 et la longue dégringolade boursière qui s’est poursuivie jusqu’à l’automne de l’année suivante, ponctuée par les scandales Enron, WorldCom et Vivendi et conclue par la crise financière argentine de novembre-décembre 2001.

Ce qui frappe dans cette séquence, c’est l’augmentation continue de la fréquence et de la gravité de ces crises. Or, relativement à ces dernières, et alors même qu’elle n’en est qu’à ses débuts, l’actuelle crise surenchérit encore par son ampleur et par la rapidité de sa diffusion. Sous ce double rapport, elle n’est comparable qu’à la crise de novembre 1929, qu’elle dépasse d’ailleurs par son échelle: c’est la plus grosse crise financière de l’histoire du capitalisme. Du coup, ce qu’elle met en jeu, c’est l’ensemble des politiques néolibérales suivies depuis une trentaine d’années dont elle est largement le résultat; et dans cette mesure même, quelle qu’en soit l’issue, elle est appelée à constituer un tournant dans la longue crise structurelle dans laquelle le capitalisme est engagé depuis le milieu des années 1970.

De la crise de «l’économie fictive» à la crise de «l’économie réelle» (lire la suite)

Etats-Unis: Hillary Clinton envisagée au poste de secrétaire d'Etat selon des médias américains

par Emmanuel PARISSE


WASHINGTON - Hillary Clinton, rivale malheureuse de Barack Obama dans la course démocrate à la Maison Blanche et figure incontournable de la politique américaine, revient sur le devant de la scène alors que son nom est évoqué pour prendre la tête de la diplomatie américaine.

L'ex-Première dame des Etats-Unis (1993-2001) et ancienne candidate à l'investiture démocrate de 2008, figure, pour la première fois, parmi les personnes envisagées au poste prestigieux de secrétaire d'Etat dans l'administration Obama, selon la presse américaine.

Vendredi à New York, Hillary Clinton a déclaré qu'elle ne souhaitait pas "spéculer" sur la future administration du président élu Barack Obama.

Après avoir perdu l'investiture démocrate en juin, Mme Clinton, 61 ans, avait appelé à voter pour M. Obama lors de l'élection du 4 novembre et fait campagne pour lui.

Le nom d'Hillary Clinton n'avait pas été évoqué depuis que des spéculations la plaçaient en août parmi les quelques personnalités susceptibles d'être choisies pour être candidate à la vice-présidence aux côtés de Barack Obama.

Le choix du sénateur du Delaware (est) Joe Biden comme colistier de Barack Obama avait fortement irrité une partie des 18 millions d'électeurs démocrates qui avaient choisi Mme Clinton lors des primaires.

Avant de reconnaître sa défaite face à M. Obama, la sénatrice de l'Etat de New York (nord-est) avait fait campagne notamment sur son expérience et sa capacité à faire face à une situation de crise à la Maison Blanche.

Son équipe de campagne avait diffusé un clip vidéo intitulé "le coup de téléphone de 3 heures du matin", expliquant que si le téléphone sonnait à la Maison Blanche au milieu de la nuit annonçant une crise, elle serait prête à faire face.

En outre, Mme Clinton avait critiqué la naïveté, selon elle, de son adversaire Barack Obama en matière de politique étrangère, notamment sa volonté de dialogue avec l'Iran.




Elle avait aussi attaqué violemment M. Obama à propos de tracts critiquant ses propositions de campagne: "Honte à vous, Barack Obama!", avait-elle lancé.

Selon la chaîne NBC, Mme Clinton s'est rendue jeudi à Chicago (nord) où réside le président élu, mais un de ses conseillers a affirmé qu'il s'agissait d'un voyage pour des raisons personnelles.

Selon des journalistes présents jeudi soir devant le quartier général de M. Obama, un cortège "non-identifié" de trois voitures a quitté le parking sous-terrain des locaux peu avant que celui de M. Obama ne sorte.

Des sources proches du président élu ont confirmé vendredi à la chaîne CNN que la nomination de Mme Clinton était envisagée, mais son porte-parole Philippe Reines s'est montré prudent. "Toutes spéculation sur des postes ministériels ou autres au sein de l'administration sont vraiment du ressort de l'équipe de transition du président élu Obama", a-t-il déclaré.

Les noms de plusieurs personnalités circulent dans la presse pour mener la diplomatie américaine, notamment ceux de l'ancien candidat démocrate à la présidentielle de 2004 John Kerry et du gouverneur du Nouveau-Mexique (sud-ouest) et ancien ambassadeur à l'ONU Bill Richardson.

Selon le Washington Post, le nom de l'ex-Première dame a été cité car le camp Obama "n'est pas extrêmement satisfait" des noms habituellement avancés.

De son côté, M. Obama enregistrera vendredi, aux côtés de son épouse Michelle Obama, sa première interview depuis son élection le 4 novembre, dans l'émission d'informations "60 minutes" de la chaîne CBS qui sera diffusée dimanche.

lundi 10 novembre 2008

John McCrae : la légende du poète-soldat canadien enterré à Wimereux - Actualité Région - Nord - Pas-de-Calais - La Voix du Nord

John McCrae : la légende du poète-soldat canadien enterré à Wimereux

dimanche 09.11.2008, 04:57 - La Voix du Nord


La sépulture de John McCrae (en médaillon) est fleurie de «poppies».PHOTO GUY DROLLET ET REPRO «LA VOIX» La sépulture de John McCrae (en médaillon) est fleurie de «poppies».PHOTO GUY DROLLET ET REPRO «LA VOIX»
| PREMIÈRE GUERRE MONDIALE |

Dans les pays anglo-saxons, le devoir de mémoire se transmet de génération en génération par la force d'un poème « In Flanders Fields » (Au champ d'honneur) écrit par le lieutenant-colonel John McCrae. Le poète-soldat canadien est enterré à Wimereux depuis 1918. Une cérémonie pour honorer sa mémoire y aura lieu mardi.

Le lieutenant-colonel McCrae est entré dans la légende par la force de quelques vers qui expriment la crainte du soldat mort au champ d'honneur d'être à jamais oublié. Il y parle du martyre de ses compagnons d'armes, des coquelicots qui poussent entre les croix, de la nécessité d'entretenir la flamme du souvenir pour éviter qu'ils ne fanent. Et que le sacrifice des soldats qui ont combattu pour la liberté ne tombe dans l'oubli. « Acceptez le défi sinon les coquelicots se faneront au champ d'honneur », conclut-il.


Le médecin militaire John McCrae a écrit ce poème en avril 1915 alors qu'il se trouvait sur le front d'Ypres, en Belgique, où la bataille faisait rage. Entouré de morts et de blessés, il est terrassé par la douleur d'avoir perdu son meilleur ami sans avoir rien pu faire pour le sauver. Les mots seront son exutoire. Sans savoir que 90 ans après, on apprendrait aux écoliers anglo-saxons In Flanders Fields.

Déplacé à l'arrière après l'avoir écrit, John McCrae deviendra chef des services médicaux à l'hôpital général canadien, au départ aménagé dans des grandes tentes du côté de Dannes-Camiers près d'Étaples avant d'être transféré à Boulogne. Atteint d'une pneumonie et d'une méningite, le médecin-poète décédera en janvier 1918 à l'âge de 44 ans.
Fleur symbole

Quatre-vingt-dix ans après, Australiens ou Canadiens effectuent des milliers de kilomètres pour accomplir leur devoir de mémoire. Nombreux sont les sujets de la Couronne à venir se recueillir sur la tombe de leur héros lettré. La stèle se distingue des 3 016 autres sépultures du carré militaire minutieusement entretenu par le nombre de poppies qui la fleurissent. Les poppies sont de petits coquelicots en plastique. Cette fleur, dont parle John McCrae dans son poème, est devenue le symbole du souvenir dans les pays du Commonwealth et aux États-Unis.

L'équivalent de nos bleuets. Avant de quitter l'endroit, les visiteurs laissent des messages empreints d'émotion sur le livre d'or. Comme celui-ci de Christine et Alex venus d'Halifax, province de Nouvelle-Écosse, au Canada : « Came to see John McCrae, je me souviens. » •

ROMAIN DOUCHIN