lundi 24 novembre 2008

Avoir son conjoint dans les gènes

Jean-François Marmion

Une équipe franco-sino-britannique vient d’annoncer un curieux résultat en génétique du comportement. Une région du génome humain (appelée MHC) aurait une incidence positive sur le choix du conjoint, via certaines molécules odorantes agissant sur l’attirance. On l’a semble-t-il constaté chez la souris. Cette préférence est avantageuse car elle a pour effet la diversification des défenses immunitaires des enfants du couple. Mais, jusque-là, on n’avait pas établi le fait chez l’être humain. L’étude réalisée par l’équipe de Raphaëlle Chaix a porté sur deux types de populations : des couples yorubas du Nigeria et des couples mormons des États-Unis (Utah). Résultat : chez les Nigérians, l’effet MHC n’apparaît pas, mais il est présent chez les mormons. Sur le fond, ce n’est donc pas vraiment décisif. L’interprétation des chercheurs, en revanche, donne à réfléchir : selon eux, c’est la prédominance de « facteurs sociaux » qui, chez les Nigérians, pourrait contrecarrer la préférence génétique. Il faut donc admettre que chez les mormons, on se marie plus souvent par amour qu’au Nigeria. Et si l’on en croit la théorie, puisque cela présente un avantage immunitaire, plus on laisse faire la nature, mieux ça ira pour la santé. Allez donc faire la morale aux gosses après ça !



Raphaëlle Chaix, Cheng Cao et Peter Donnelly, « Is mate choice in humans MHC-dependent ? », PloS Genetics, vol. IV, n° 9, septembre 2008.

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