mardi 13 janvier 2009

Le blogue de Pierre Duhamel » Blog Archive » Madame la PDG

Le blogue de Pierre Duhamel » Blog Archive » Madame la PDG: "Madame la PDG
Entreprises Pierre Duhamel 13 janvier 2009 12:16

Je parlais la semaine dernière à l’un des chasseurs de tête les plus réputés du Québec, vous savez ces professionnels du recrutement qui aident les entreprises et organismes à choisir leur cadres supérieurs. Quand je lui demandais qui étaient les nouveaux leaders du milieu des affaires au Québec, il ne m’a nommé que des femmes. Pas un seul homme.

On a appris lundi que c’est Jacynthe Côté qui deviendra sous peu la PDG de Rio Tinto Alcan. Ce n’est aujourd’hui qu’une division de Rio Tinto, mais nous parlons quand même de 430 usines et établissements répartis dans 61 pays et de revenus de plus de 20 milliards de dollars. Ce n’est pas une petite affaire !

Isabelle Hudon est devenue PDG de l’agence de publicité Marketel. Karen Radford dirige Telus Québec, qui vient d’arracher à Bell un important contrat du gouvernement provincial. Monique Leroux est à la tête de la principale institution financière du Québec. Suzanne Brochu semble très estimée à la tête de Gaz Métro. Le prochain numéro un de la Caisse de dépôt et de placement du Québec sera-t-elle une femme ? Je pense que les chances"

vendredi 9 janvier 2009

« Internet ré-invente les tribus », une tribune de Luc Bretones par Neteco.com

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Mardi 6 Janvier 2009 | envoyer | commenter
Représentant de l'Institut G9+ et co-animateur Essec Business & Technologie et Centrale Marseille IT, Luc Bretones propose cette tribune dans laquelle il revient sur le développement des tribus sur le web...

Luc Bretones
En 1953, le chimiste américain Stanley Miller vérifiait expérimentalement l'hypothèse de création de la soupe originelle de la vie. Cinquante ans plus tard, Internet et ses services de communication ré-inventent les tribus, leurs lois et leurs chefs. Seth Godin, auteur du livre « Tribes, We need You to Lead Us» en a fait sa théorie. Selon lui, « le leardership est la meilleure tactique marketing et ce quelle que soit l'organisation ou l'individu (une entreprise, une école, une église, un chercheur d'emploi,..) ».

Les tribus se distinguent des simples groupes par la présence en leur sein d'un ou plusieurs leaders, d'une vision claire et d'un objectif commun. La notion de tribu, vue par Godin, correspond à un stade évolué de groupe ou de communauté.

Le leader génère l'initiative qui forme la tribu. Il exprime une stratégie sur laquelle chaque membre se projetera et agrégera à son tour de nouveaux membres. Si la vision du leader, sa passion, touchent les individus, ils souhaiteront faire partie de cette aventure, en parleront à leurs amis et une tribu robuste pourra naître. Ceci explique que le phénomène communautaire est souvent fortuit, fruit d'un projet ou d'une expression, mais pas nécessairement avec l'objectif initial de créer un mouvement.

Autres caractéristiques d'une communauté organisée et mature, les rites tribaux – comportements, langage, rituels – n'apparaissent qu'en présence d'un leader, celui qui initie, mais aussi celui qui décide en cas de besoin.

Un très bel exemple est celui initié par Muhammad Yunus, prix nobel de la paix 2006, et sa Grameen Bank qui soutient, à fin 2008, 7,64 millions d'emprunteurs pauvres dont 97% de femmes. Avec 2 536 branches, Grameen Bank propose ses services dans 83 415 villages, couvrant plus de 99% des villages du Bangladesh. Dans la même dynamique humanitaire de micro-crédit, j'ai récemment pu interviewer un représentant de Kiva. Fondée par Matt Flannery fin 2005, Kiva a soutenu 92 000 entrepreneurs du monde entier avec 338 000 prêteurs dans plus de 135 pays et un taux de remboursement de 98.5%.

Dans des styles totalement différents, citons la tribu des blogueurs de Sony, hébergée par la Player's Republic, ou celle des « ambassadeurs » web de la marque Thierry Mugler dont l'intégration fonctionne exclusivement par cooptation. La marque de luxe a été la première à ouvrir dès octobre 2007 un espace communautaire et de conversation avec ses clients.

On le voit, l'irruption des technologies de l'ubiquité communautaire fait apparaître des expressions tribales modernes. Internet amplifie et accélère la montée en puissance des mouvements communautaires. En effet, le leadership se démocratise à mesure que les services web permettent la diffusion et la mise en œuvre d'une idée. Les contraintes physiques et temporelles s'effacent largement. Par ailleurs, le leadership vertical classique, à la mode hiérarchique laisse progressivement place à des organisations plus horizontales.

Enfin, Les « digital natives » n'hésitent pas à donner leur avis parfois plusieurs fois par jour sur Internet et dans un nombre toujours croissant de cas, ils argumentent leurs choix. La « generation Y » participe, co-crée, plus qu'elle n'est « fan » d'un projet. L'interactivité est au cœur des lames de fond communautaires que décrivent Charlene Li et Josh Bernoff dans « Groundswell ». Ces interactions ouvertes à 360° permettent à chacun de transcender ses intérêts personnels en participant à un projet ambitieux, d'envergure. Un projet dont la résultante sera nécessairement supérieure à la somme des contributions individuelles prises séparément.

Les tribus se nourrissent des interconnexions qu'elles suscitent. Elles sont d'autant plus fortes que les connexions se densifient entre leurs membres et que les signaux faibles – informations émises par les liens les moins proches et donc les moins forts – se multiplient et finissent par provoquer une rencontre inédite (un recruteur et un candidat, un projet et un financement,..) pleine de valeur.

Mais alors, comment ces tendances socio-technologiques impactent-elles les entreprises ? Le choc des cultures tribales « analogique hiérarchique » et « numérique collaborative » sera-t-il créateur de valeur pour chaque tribu et celle qui les réunit ? Ceux que Louis Naugès appelle avec humour les « Digital Immigrant » – ont connu le courrier papier et le fax, sont devenus accros de l'email et il leur arrive même ... de les imprimer – pourront-ils établir un contact unifiant ?

En fait, les entreprises oscillent encore entre la théorie de Machiavel – être craint pour être respecté – très orientée « top-down » et ces nouveaux modes maillés et créatifs de travail par lequel l'organisation ouvre les connexions qui lui permettent de s'adapter et de progresser. Godin décrit une redéfinition du travail autour de missions plus que d'autorités hiérarchiques. Au-delà des modes de travail, la « tribu entreprise » peut également répondre à une recherche de sens social, de valeurs, d'adéquation culturelle.

Mais pour que le tribalisme intègre l'ADN d'une entreprise, l'initiative devra venir de la direction générale. Elle devra s'assurer que l'entreprise est focalisée toute entière sur sa mission et non sur les points de vue de certains individus au pouvoir. Un effet fort du mode tribal consiste ainsi en l'intégration de la perception client et de ses attentes à la communauté de l'entreprise. Les meilleurs clients, les ambassadeurs, peuvent alors développer un sentiment de participation à l'évolution de l'entreprise, de co-construction. Autre conséquence : un fonctionnement par projets et groupes de travail dédiés et décloisonnés.

Même si les tribus les plus fortes sont les plus focalisées, et que l'on n'imagine pas développer ce type d'approche pour la gestion d'un Etat, Barack Obama n'expliquait-il pas vouloir mener sa campagne comme « un mouvement avec des membres » plutôt que simplement « une campagne avec des clients » ?

Les grandes choses de demain se préparent dans les tribus qui naissent aujourd'hui. Margaret Mead, anthropologiste, spécialiste des tribus, le sait bien : « pas de doute sur le fait qu'un petit groupe de personnes réfléchies et impliquées puisse changer le monde. En fait, ce sont les seuls à l'avoir jamais fait ».

Luc Bretones, représentant Institut G9+ et co-animateur Essec Business & Technologie et Centrale Marseille IT

Pour aller plus loin
12/11 * « Des nouvelles technologies à un nouvel enjeu social ! », une tribune de Luc Bretones

lundi 15 décembre 2008

Tolerance.ca® - Canada. Lettre d'un détenu de la prison de Bordeaux à Omar Khadr, prisonnier à Guantanamo

par Rollo, un Souverain anonyme.

Le 10 décembre 2008, on célèbre le 60e anniversaire de la Déclaration des droits de l’Homme. Alors, j’ai décidé de rendre hommage à cette Déclaration à ma façon. J’aimerais adresser une lettre à un homme détenu dans une prison que les Américains appellent Guantanamo. Ils auraient pu l’appeler aussi ‘’l’Enfer sur terre’’. Voici donc ma lettre à Omar Khadr.

Cher Omar,

À l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, j’aurais pu choisir d’écrire à un prisonnier politique pour dénoncer un de ces régimes sanguinaires qui tuent toute liberté d’opinion. Un de ces régimes où des opposants politiques sont arrêtés, torturés et souvent condamnés à la prison à vie. J’ai préféré plutôt m’adresser à toi. Parce que pour moi, tu es devenu malgré toi un prisonnier politique.




Ton crime c’est d’être un canadien qui ne porte pas ‘’le bon nom’’. Un nom comme Tremblay, Bouchard, Mulroney ou Trudeau. Ton crime, c’est aussi d’être le fils d’un père qui t’as enrôlé dans une guerre d’adultes alors que tu n’avais que 11 ans. Tu avais 15 ans lorsque les américains t’avaient arrêté en Afghanistan. Selon certaines conventions internationales sur l’enfant soldat dont le Canada est signataire, on devrait te protéger au lieu de t’emprisonner. Il paraît que tu as même fait l’objet d’une certaine torture à Guantanamo.

Quand je pense que malgré toutes ces informations, le premier ministre canadien n’a pas bougé le petit doigt pour t’apporter assistance. Je pense à tous ces immigrants du Canada qui ont quitté leur pays d’origine pour s’installer au Canada avec l’espoir de se sentir mieux respecté dans leur droit. Je pense à ma propre mère qui a fui la misère d’Haïti pour offrir à moi et ma sœur un avenir meilleur.

Ton père est mort, moi c’est ma mère qui est morte. Je les imagine en train de nous regarder de là haut, toi à Guantanamo, moi à Bordeaux. Regrettent-ils d’avoir décidé un jour de faire immigrer leurs familles au Canada ? J’espère que non. Parce que j’ai espoir que très bientôt tu rentreras chez-toi et tu retrouveras ta mère. Je sais qu’elle te manque beaucoup. J’ai aussi espoir que la Justice canadienne te blanchira de toutes les accusations. Peut-être même que tu seras indemnisé par quelques millions de dollars. Mais quelques soit le montant de l’indemnisation auquel tu auras droit, ça ne te redonnera pas l’enfance volée.

Mon cher Omar. C’est à partir de ma cellule de la prison de Bordeaux à Montréal que j’ai pris le temps de t’écrire ces quelques lignes pour te dire que je ne t’oublie pas. Que nous sommes des milliers de canadiens à penser à toi. Que plusieurs manifestations et pétitions ont été organisées pour exiger du Gouvernement canadien de te rapatrier chez-toi au Canada.

Depuis la publication des images de l’interrogatoire que tu as subi à Guantanamo par des agents de renseignements canadiens, tout le monde a parlé de toi. Tout le monde trouve inacceptable que tu sois le seul détenu ressortissant d’un pays occidental qui n’est pas encore rapatrié chez-lui. Si le Premier Ministre canadien t’oublie, le Canada ne t’oublie pas. D’ailleurs, chacun des 30 articles de la Déclaration universelle des Droits de l’homme te protège.

Un des rédacteurs de cette Déclaration est un canadien. Il s’appelle John Humphrey. 60 ans auparavant, cet homme a pensé à toi quand il a écrit le premier article de la Déclaration ‘’Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité’’. Apparemment Monsieur Stephen Harper, Premier Ministre du Canada ne comprend le sens du mot fraternité. Heureusement tous les canadiens ne sont pas comme lui.

Cher Omar, à ta sortie de Guantanamo, je me promets de faire un clin d’œil au ciel. À ton père et à ma mère. Quand à moi, je ne suis que de passage à Bordeaux. Ça sera mon dernier passage, j’ai une fille à nourrir et à aimer. Je ne me plains pas puisque je connais ma date de sortie.

Patience mon frère. ’’Dieu est avec la patients’’.
Ton ami Rollo.
Un Souverain anonyme

Un détenu de la prison de Bordeaux (à Montréal) s'adresse à un autre détenu à Guantanamo à l'occasion du 60 me anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, dans le cadre de l'émission radiophonique Souverain anonymes consacrée aux détenus de la prison de Bordeaux..

Tolerance.ca® - Le marché de la peur

Le marché de la peur
(pour lire la suite de cet article )
par Marc-Alain Wolf
M.D., Ph.D., Psychiatre, Hôpital Douglas, membre de Tolerance.ca®
Le marché de la peur a de beaux jours devant lui. Il répond à un besoin psychologique pressant et persistant. Il permet de retenir et parfois de détourner l’attention des groupes. Il mobilise des intérêts considérables dans plusieurs secteurs de la vie publique. Il est, avec la mode et le sexe, un des moteurs de la vie économique. Il est souvent excessif et irrationnel mais il est à notre image, et il ne servirait à rien de le dénoncer en bloc. Pour certains politiciens « bien intentionnés », jouer sur la peur des gens peut aussi permettre de faire passer des lois contraignantes, impopulaires mais nécessaires au bien de la cité.
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Annoncée il y a dix huit mois, la crise financière de ces derniers mois ponctue une période d’incertitudes où l’anticipation du pire, la panique, le déni, la belle indifférence et la résignation se sont côtoyées et concurrencées. Les plus pessimistes annoncent l’écroulement prochain du système capitaliste, les plus optimistes évoquent des variations cycliques et normales. Les moralistes vantent les vertus éthiques de la correction des indices pendant que les cyniques restent à l’affût de bonnes opportunités d’achat ou de vente, de bons « coups boursiers ». Les individus ordinaires, eux, vivent dans une certaine expectative. Qu’en sera-t-il de leur emploi et de leur retraite? L’économie réelle dans laquelle ils baignent est maintenant touchée de plein fouet par la maladie de l’économie virtuelle.




Depuis quelques années une autre angoisse collective nous étreint, celle des changements climatiques. Malgré l’effet de mode et de mimétisme qui tend à homogénéiser les réactions individuelles et collectives, certaines voix discordantes tentent de tempérer les diagnostics-catastrophes, les promesses d’apocalypse, les appels à l’action immédiate et radicale. La planète terre est-elle vraiment en danger? Faut-il de toute urgence modifier nos habitudes de consommation, réduire nos trains de vie occidentaux, limiter la consommation d’énergie? Un consensus quasi religieux est en train de s’installer dans nos esprits. La croyance, la conviction sont là mais pas encore la pratique, la mise en acte de la profession de foi écologique. Le sentiment de culpabilité s’est répandu mais pas encore son antidote, l’action rédemptrice.

La politique internationale secrète à son tour les ingrédients d’une peur irrationnelle. Celle, par exemple, d’une guerre mondiale d’un nouveau type, le terrorisme. Déjà présente avant les attentats du 11 septembre, cette inquiétude a brusquement changé d’échelle avec l’effondrement des tours. Comparé à l’évènement réel, l’effet produit par sa mise en scène médiatique, sa diffusion planétaire quasi instantanée et sa répétition en boucle, a été considérablement amplifié. L’entrée en guerre des États-Unis et de leurs alliés n’est que la partie visible du bouleversement psychologique et social engendré par cet attentat. Un sentiment de menace et d’insécurité s’est propagé dans le monde. Certains y ont répondu par une réaction agressive de type paranoïaque, d’autres ont réagi en développant des attitudes plus dépressives de remise en question personnelle et d’autoaccusation.

Beaucoup plus ancienne, la peur des catastrophes naturelles, incluant celle de la sécheresse, de la famine et des épidémies, accompagne l’aventure humaine depuis ses origines. Cette peur parfaitement légitime a eu sur l’espèce un effet structurant. Elle est à l’origine des formes les plus primitives de croyances collectives et de cultes religieux. Les dieux ont d’abord été inventés comme puissances tutélaires qui, effrayantes ou rassurantes, punitives ou protectrices, rendent moins aléatoire et moins chaotique la vie sur terre. Imputables des malheurs qui nous guettent, ils jouent pour le sujet le rôle de super parents chargés de circonscrire l’angoisse, de l’extérioriser et de l’orienter vers une source possible d’apaisement.

L’angoisse et la peur, que le langage courant tend à confondre, sont des réalités et des notions psychologiques distinctes. Chez l’individu en tout cas, la peur est un produit possible de l’angoisse, une transformation, en général souhaitable, qui permet de fixer sur un objet extérieur l’inconfort psychique, le malaise et le mal-être qui caractérisent l’état d’angoisse. Mieux vaut une peur ciblée, identifiée et bien définie qu’une inquiétude vague et flottante, envahissant la conscience et paralysant l’action. La peur a, sur l’angoisse ou l’anxiété, l’avantage de nommer un responsable et de permettre une conduite d’adaptation, de conjuration ou d’évitement. Toute la panoplie des phobies humaines atteste de la fécondité de ce mécanisme de défense qui produit des peurs en série, toutes plus irrationnelles les unes que les autres, mais souvent moins couteuses, en terme d’énergie psychique, de souffrance morale et de désorganisation de la pensée, que l’anxiété brute et non maitrisable.

Les religions, des formes collectives de névrose obsessionnelle ?

Pour le psychanalyste Freud, ce n’est pas seulement la peur (ou la phobie) mais toutes les formes de névrose qui permettent d’échapper à l’angoisse.
(suite de l'article)

mercredi 3 décembre 2008

Les États-Unis en mode 2.0 | Internet Les États-Unis utilisent les réseaux sociaux et d'autres outils du web 2.0 pour remporter la «bataille d'idées»

Agence France-Presse
02 décembre 2008 | 10 h 10 | 1 commentaire

Les États-Unis utilisent les réseaux sociaux et d'autres outils du web 2.0 pour remporter la «bataille d'idées» avec les militants islamistes et d'autres groupes extrémistes, a indiqué lundi le secrétaire d'Etat adjoint chargé d'améliorer l'image du pays dans le monde.
Pour en savoir plus
Facebook | George W. Bush | Mahmoud Ahmadinejad | Web 2.0

«Dans la bataille des idées, notre mission clé en 2008 est de créer un environnement hostile à l'extrémisme violent», a expliqué James Glassman au cours d'un discours à la New America Foundation, un centre de réflexion basé à Washington.

«Nous appelons notre nouvelle approche la diplomatie publique 2.0», a ajouté l'ancien journaliste qui a remplacé Karen Hughes, proche de George W. Bush, après sa démission l'an dernier de son poste de conseiller chargé de la diplomatie publique.

«Al-Qaïda et d'autres organisations extrémistes violentes ont exploité internet à leur avantage, mais cet avantage a rapidement diminué», a-t-il dit, ajoutant que «les nouvelles technologies donnent au États-Unis un avantage sérieux sur les terroristes».

«Dans ce nouveau monde de communications, tout gouvernement qui résiste aux nouvelles technologies sur internet fait face à un risque plus grand - celui d'être ignoré», a poursuivi M. Glassman.

«Nos principales cibles, en particulier les jeunes, ne veulent pas qu'on leur fasse la leçon, qu'on leur dise quoi penser ou à quel point nous sommes merveilleux», a-t-il expliqué.

Selon lui, le département d'État et d'autre agences gouvernementales multiplient par conséquent les efforts pour avoir une interaction avec le public.

Le bureau des affaires éducatives et culturelles du département d'Etat a notamment une page sur le site de socialisation en ligne Facebook, et «notre équipe de sensibilisation numérique va sur des blogs et des sites en arabe, farsi, ourdou et bientôt nous l'espérons en russe».

«Ses membres s'identifient comme des représentants du département d'État et entament la conversation, informent gentiment ou corrigent les distorsions concernant les politiques américaines», a indiqué le secrétaire d'État adjoint.

Il a raconté notamment que le blogueur en farsi du département d'Etat avait récemment publié une série de messages sur le blogue du conseiller média du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Il a également indiqué que le département d'État avait co-sponsorisé récemment un concours de vidéos sur Youtube au cours duquel les participants étaient invités à répondre à la question: «qu'est-ce que la démocratie?».

M. Glassman a ajouté que l'administration américaine allait renforcer ses partenariats avec le secteur privé, citant comme exemple une conférence qui doit réunir cette semaine à New York des groupes de jeunes internautes du monde entier.

Quand l'écologie renvoie les femmes à la maison

On ne peut que s'en réjouir, l'écologie commence à faire son chemin dans nos sociétés d'hyperconsommation, et à imprégner enfin sensiblement nos modes de vie. Plus question d'user sans vergogne des ressources de la planète sans se soucier des générations futures ou de la santé de notre progéniture. La prise de conscience, bien que tardive, est générale - il n'est qu'à voir le «Grenelle de l'environnement», projet de loi oecuménique par excellence, qui rassemble de la droite à la gauche. La cause semble entendue: l'écologie est l'avenir de l'homme. Mais... pas sûr qu'elle soit celui de la femme!

Par un effet pervers, l'écologiquement correct est en effet en train de renvoyer insidieusement les mères de famille dans leurs foyers, en les incitant à renouer avec des pratiques que leurs ancêtres furent en leur temps ravies d'abandonner. Car, pour respecter les commandements de la green attitude - de l'accouchement à domicile à l'obligation d'allaiter en passant par le bannissement des lingettes ou le retour aux couches lavables -, la femme qui élève des enfants se condamne à l'assignation à résidence. Et malheur à celle qui résiste à la pression: elle est immédiatement rangée dans le camp de l'indignité. La bonne mère, celle qui se soucie du bien-être de ses enfants et de l'avenir de la planète, doit se plier sans moufter aux diktats de la «tyrannie verte».

Purées et onguents maison
Pas facile de passer au travers, tant les discours alarmistes relayés par les médias poussent en ce sens. Chaque nouveau scandale hygiéno-alimentaire sonne ainsi un peu plus le glas de la libération de la femme. En 2003, des traces de semicarbazide, une substance cancérigène servant d'agent «gonflant» pour les joints en PVC, sont détectées dans des petits pots pour bébé, suscitant une vague de panique chez les parents. Aïe, ne devrions-nous pas retourner aux purées maison de grand-maman? En 2005, de l'ITX (isopropylthioxanthone) utilisée dans les encres d'impression des emballages est retrouvée dans du lait maternisé. Des millions de litres de lait sont retirés de la vente alors même que l'Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) indiquait qu'il était «peu probable» que la contamination du lait présente un «risque immédiat» pour la santé publique... Peu importe, les militantes de l'allaitement trouvent une nouvelle écoute. Juste avant l'été dernier, ce sont les biberons qui ont fait l'objet d'une polémique. Les autorités sanitaires canadiennes se sont émues de la présence de bisphénol A, un perturbateur endocrinien, dans la composition de bon nombre de biberons et ont exigé leur retrait du marché. En Europe, l'Efsa s'est voulue rassurante, arguant que les normes de fabrication actuelles étaient extrêmement protectrices... Que faire quand 90% des biberons vendus en France comportent du bisphénolA A défaut d'allaiter, revenir au bon vieux biberon en verre?

(lire la suite de cet article sur http://www.marianne2.fr/Quand-l-ecologie-renvoie-les-femmes-a-la-maison_a93655.html)

jeudi 27 novembre 2008

La souche canadienne-française

par Victor Armony
professeur, Université du Québec à Montréal
La concentration des noms de famille au Québec est notoire et constitue une véritable curiosité pour bien des immigrants. Cette concentration est plus accentuée qu'ailleurs et découle d'une longue pratique endogamique. Le Québec offre un visage d'une homogénéité inouïe, explique le sociologue Victor Armony, auteur de l’essai Le Québec expliqué aux immigrants*. Le nouvel arrivant apprend que le maire de la principale ville de la province (Montréal) s'appelle Tremblay et que l'écrivain le plus connu du Québec se nomme également Tremblay. Une coïncidence ? Le phénomène est pourtant récurrent, selon Armony.
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L'onomastique est la science de l'étymologie des noms propres. Elle est directement liée à la généalogie, l'étude de la filiation des personnes, car les noms de famille permettent à un individu d'identifier ses ancêtres, de retracer les origines géographiques de sa communauté et d'obtenir des renseignements sur l'univers culturel dont il provient. Le Québec est un paradis pour les généalogistes. D'une part, les registres de naissance, de mariage et de décès ont été précieusement conservés dans les paroisses locales. Ces archives permettent à beaucoup de Québécois de remonter facilement trois ou quatre siècles en arrière dans leur histoire familiale.

D'autre part, une majorité de Québécois francophones contemporains descendent d'un noyau relativement petit de colons français arrivés en Amérique au XVIIe siècle. La concentration des noms de famille au Québec est notoire et constitue une véritable curiosité pour bien des immigrants. Cette concentration est plus accentuée qu'ailleurs — si l'on compare, par exemple, avec la France ou l'Italie — et découle d'une longue pratique endogamique (soit lorsqu'un groupe humain se reproduit avec peu de contacts avec l'extérieur). Marc Tremblay, chercheur à l'Université du Québec à Chicoutimi, a effectué une analyse génétique d'un échantillon de 155 363 Québécois contemporains qui descendent des « 6800 ancêtres fondateurs » du peuple canadien-français et a observé qu'« autour de la neuvième et de la dixième génération, 98% des ancêtres des personnes étudiées sont apparentés» (1).

Une recherche effectuée par deux démographes de l'Université de Montréal montre que « la très grande majorité des Canadiens de souche française descendent de 1955 colons et de 1425 femmes venus de France» (2). Les expressions «Québécois de souche » et « Québécois pure laine » réfèrent à cette « grande famille» qui inclut aujourd'hui environ huit individus sur dix dans la population de la province. Les 20% restant englobent les peuples autochtones, la communauté d'origine britannique et irlandaise, les minorités «historiques» (noire, juive, italienne, grecque et portugaise) et les immigrants de première et deuxième génération (arrivés ou nés depuis 1970). À cette catégorisation « ethnique » des groupes, considérée peu précise et trop controversée, est souvent substitué un décompte fondé sur la langue maternelle des personnes (…) On parlera alors de trois groupes : les francophones (5,8 millions ou 81,4% du total), les anglophones (590 000 ou 8,3 %) et les allophones (732 000 ou 10,3 %) (3).

Une étude de l'Institut de la statistique du Québec sur les noms de famille au Québec signale que les États-Unis affichent une concentration semblable à celle du Québec.

En revanche, le rapport signale qu'«il faut mentionner aussi que tous les Tremblay d'ici ont le même ancêtre, ce qui n'est pas le cas des Smith étasuniens ou britanniques». Il est courant de trouver des personnes, liées ou non par des liens de parenté, qui partagent le même patronyme. En ce sens, il faut dire que le Québec offre un visage d'une homogénéité inouïe. Le nouvel arrivant apprend que le maire de la principale ville de la province (Montréal) s'appelle Tremblay et que l'écrivain le plus connu du Québec se nomme également Tremblay. Une coïncidence ? Le phénomène est pourtant récurrent. En politique, l'immigrant observe que, à l'Assemblée nationale du Québec, siègent trois Charest, deux Bouchard, deux Legault, deux Morin et deux Thériault.

Aux élections fédérales de juin 2004, il trouve sur les listes sept candidats nommés Côté, six candidats nommés Tremblay, cinq candidats nommés Gagnon et cinq candidats nommés Gauthier. Dans l'une des universités québécoises, il compte cinq employés nommés Claude Tremblay, quatre Pierre Gagnon et trois Denis Côté. À la radio, il découvre qu'une chronique hebdomadaire nommée « Le deux pour un » réunit chaque semaine deux personnalités publiques du Québec qui portent exactement le même prénom et nom de famille. Ainsi ont été invités, entre autres, Andrée Boucher, mairesse de la ville de Québec, et Andrée Boucher, comédienne et animatrice à la télévision ; Guy Bertrand, le célèbre avocat, et Guy Bertrand, conseiller linguistique à la radio et à la télévision françaises de Radio-Canada; Michel Audet, ministre des Finances du Québec, et Michel Audet, délégué du Québec à l'UNESCO ; André Ducharme, l'un des humoristes les plus connus du Québec, et André Ducharme, auteur et chroniqueur au magazine L'actualité.

J'ai conçu un petit test amusant qui permet de donner une idée de l'allure «tricotée serré» que cette société projette: je prends la liste des cent noms de famille les plus courants et je vérifie combien de personnes dans un groupe donné les portent. Cela donne une sorte de « coefficient de souche patronymique». J'ai pris, aux fins de l'exercice, le Conseil des ministres du Québec, le Cabinet de secrétaires du président des États-Unis et le gouvernement de la France (4). Dans ce dernier pays, seulement deux ministres sur trente portent un nom de la liste des cent patronymes les plus fréquents en France (Clément et Bertrand). Aux Etats-Unis, trois personnes sur vingt et une portent des noms que l'on retrouve parmi les cent les plus usuels au pays (Gonzales, Jackson et Johnson ; puisque Gonzales est d'origine hispanique et que Jackson est un nom typique chez les Noirs d'Amérique, ils ne font pas partie de la souche anglo-saxonne). Au Québec, on en compte huit sur vingt-cinq : Audet, Dupuis, Fournier, Gagnon-Tremblay (je le compte une seule fois), Pelletier, Gauthier, Lessard et Thériault. Donc, le «coefficient de souche patronymique», en ce qui concerne le pouvoir exécutif dans ces trois sociétés, est de 6%, 14% (ou 5 % si l’on exclut les deux «ethniques») et 32% respectivement pour la France, les États-Unis et le Québec. Un test plus sophistiqué indiquerait un contraste encore plus marqué, car plusieurs autres noms de ministres québécois se trouvent tout de même sur le palmarès des 500 noms les plus fréquents (Beauchamp, Boulet, Corbeil, Courchesne, Forget, Delisle, Vallières), alors que ce n'est pas le cas pour les noms de la plupart des ministres français et secrétaires américains. Seulement deux noms du cabinet québécois (Bergman et Kelley) ne sont pas français, cela au sein d'un gouvernement fédéraliste et non pas souverainiste !

Le coefficient est encore plus élevé quand on se penche sur d'autres organismes publics, comme les centrales syndicales. Si l'on prend les trois principaux comités de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), c'est-à-dire les comités d'orientation, de surveillance et des juridictions, on obtient un taux de 42% (10 noms sur 24). Mon objectif n'est pas de prouver ici un quelconque tribalisme dans les comportements et dans les institutions, mais d'illustrer à quel point le Québec francophone offre aux étrangers et aux non-francophones une image de monolithisme identitaire. Cela dans une société qui, à la différence d'autres sociétés de souche concentrée comme la Corée ou l'Islande, a reçu des contingents importants d'immigrants depuis des décennies et contient en son sein des minorités quantitativement considérables.

Ce n'est donc pas étonnant que le fait de dire « nous » en politique puisse être un sport extrême au Québec, car on risque toujours d'insulter quelqu'un. Qui est inclus et qui est exclu de la définition implicite ? Le sens de la phrase « nous, les Québécois» (ou «vous, les Québécois») varie, en effet, grandement selon qui l'énonce, le contexte et le destinataire.

Notes

1. www.sciencepresse.qc.ca/archives/quebec/capqueO5o6c.html
2. www.canadianheritage.gc.ca/progs/lo-ol/perspectives/francais/liens/FPo3c.htm
3. Office québécois de la langue française, «Les caractéristiques linguistiques de la population du Québec: profil et tendances 1991-2001», 1005.
4. Pour le Québec et les États-Unis, j'ai recueilli les informations durant l'été 2006. Pour la France, je l'ai fait en mars 2007.

* Victor Armony, Le Québec expliqué aux immigrants, vlb éditeur, 2007, 206 p.

Extrait reproduit avec l'autorisation de l'auteur (pp. 33 à 36 de l'ouvrage).